La crise sanitaire a fragilisé les détaillants de l‘industrie de la mode. En effet, le chiffre d‘affaires se situe nettement en dessous de celui d’avant la période de coronavirus. Le comportement des consommateurs semble également avoir changé. Notre bureau d‘études met en garde contre un risque supplémentaire de faillite dans l‘industrie de la mode, notamment pour les magasins spécialisés dans ce secteur.

La guerre en Ukraine a également touché l‘industrie de la mode après la pandémie. La confiance des consommateurs européens a fortement chuté en conséquence. La mode présente une vulnérabilité particulière à cet égard. Selon nos économistes, cela peut réduire les dépenses en la matière dans l‘UE d‘environ 4,85 milliards d‘euros en 2022.

Johan Geeroms, notre directeur Risk Underwriting Benelux, déclare que le secteur de la mode résiste sur plusieurs fronts. Voici ses propos : « Au cours des vingt dernières années, les consommateurs ont d’office déjà consacré une part de plus en plus petite de leurs revenus disponibles à la mode. Nous connaissons, après l’épidémie de coronavirus, la situation en Ukraine. En outre, l’inflation pénètre de plus en plus profondément dans l’économie. Ainsi, Eurostat indique par exemple une augmentation de 9,3 % pour la Belgique, et le Bureau central de la statistique mentionne une hausse de près de 12 % pour les Pays-Bas. L‘inflation pour les deux pays a atteint un niveau record en mars. Acheter de nouveaux vêtements constitue la première chose reportée par le consommateur. Vous pouvez voir le résultat : le chiffre d‘affaires des magasins de mode a glissé bien en dessous du niveau de 2019. De plus, les marges brutes subissent une pression considérable. Les prix du coton, des fibres synthétiques et du transport se situent à un échelon élevé et le resteront encore longtemps. Cela nuit à la rentabilité ».

Selon Johan, la crise du Covid-19 et les restrictions associées ont poussé le consommateur vers le commerce en ligne. « Les magasins de mode spécialisés en particulier en prennent un sérieux coup. Les habitudes de consommation évoluent également. Regardez par exemple l’essor des vêtements de seconde main. Le secteur des vêtements décontractés et de sport s’accroît aussi. Peut-être à cause du fort taux de travail à domicile. Cette situation se réalise au détriment des vêtements plus formels vendus par les magasins spécialisés ». Une constatation frappante concerne les ventes dans le secteur le plus élevé du luxe. Celles-ci se situent juste au-dessous du niveau de 2019.

Les magasins de mode arrivent de moins en moins à tenir le coup. Johan cite comme exemple la baisse du nombre de magasins de chaussures. « Vous le constatez par les ventes croissantes de chaussures de sport et de sneakers, aux dépens des souliers traditionnels en cuir ». Il se réfère à INretail, l‘association professionnelle des magasins de chaussures entre autres. Celle-ci confirme que le nombre de boutiques de chaussures aux Pays-Bas a rapidement baissé sous la barre d’un millier de commerces. En février 2021, la Belgique comptait encore 1 364 magasins de chaussures, selon un rapport de RetailSonar.

Notre bureau d’études donne un signal rouge à l’industrie de la mode pour 2022 et 2023. « L’industrie nage vraiment en eaux troubles avec toutes sortes de changements structurels. Les risques de faillite sont considérables. Cela peut aussi s’avérer des faillites majeures. Pensez aux chaînes. Depuis 2016, l’Europe a connu 78 faillites dont les détaillants de mode chutaient avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 10 millions d’euros. Nous avons perdu au total un chiffre d’affaires d’environ 14 milliards d’euros. Outre les détaillants, les fournisseurs de vêtements traversent aussi des moments difficiles. De plus en plus, ils font face à des fermetures d’usines, à des pénuries de matériaux, à des prix élevés des conteneurs et à des problèmes de chaîne d’approvisionnement.
Voici les propos de Johan : « Une bonne combinaison de ventes en ligne et sur place semble une exigence. Cela inclut également des opérations marketing. Les magasins doivent continuer à se présenter avec un visage clair et personnel afin de rester dans le coup auprès du consommateur critique, qui possède une pléthore de choix aujourd‘hui. Plus les magasins peuvent se distinguer, mieux les clients peuvent les trouver. Un service client et un service après-vente marquent aussi des points auprès du consommateur. Néanmoins, la mode reste difficile. Certains clients viennent au magasin pour jeter un coup d’œil et essayer, mais recherchent ensuite sur internet le prix le plus bas. Le caractère bon marché de la mode offre une vision décourageante. Toutefois, les magasins qui proposent de la qualité et qui savent vraiment se distinguer peuvent toujours bien gagner leur vie ».

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