- 3 facteurs de résilience ralentiront la normalisation des défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale.
- Toutefois, les défaillances d’entreprises retrouveront leur niveau d’avant-crise dès 2022 dans 1 pays sur 3, et dès 2023 dans 1 pays sur 2.
- En France, malgré un soutien public qui retardera la normalisation, les défaillances d’entreprises devraient croître de +15% en 2022 et +33% en 2023.
3 facteurs de résilience ralentiront la normalisation des défaillances d’entreprises
Les entreprises font à nouveau face à d’importants vents contraires à l’échelle mondiale : perturbations prolongées des chaînes d’approvisionnement, goulots d’étranglement affectant les transports, hausse du prix des matières premières, pénuries de certains intrants, voire de main d’œuvre, etc. En parallèle, elles doivent également faire face à une hausse des coûts de financement dans un contexte d’accélération de l’inflation et de resserrement des politiques monétaires. Autant d’éléments qui pèsent sur leur rentabilité, leur activité et leur trésorerie.
Toutefois, Allianz Trade identifie 3 facteurs de résilience concernant les entreprises :
- Début 2022, à l’échelle mondiale, le montant total des liquidités détenues par les entreprises cotées était 30% supérieur au niveau observé en 2019 ;
- Les données propriétaires d’Allianz Trade montrent que le nombre d’entreprises fragiles est resté limité en Europe, particulièrement en Italie (de 11% en 2020 à 7% en 2021) et en France (de 15% à 12%) ;
- Les chiffres publiées par les entreprises côtés au T1 2022 confirment que ces dernières ont été en mesure de répercuter les hausses de coûts sur leurs prix de ventes ;
« Ces facteurs laissent penser que l’économie mondiale sera en mesure, au moins à court terme, d’éviter une forte vague de défaillances d’entreprises. Néanmoins, les entreprises devront se montrer vigilantes : la normalisation des défaillances d’entreprises a déjà commencé. Pour certains pays, le retour aux chiffres de 2019 prendra quelques années, mais nous sommes d’ores et déjà revenus à un fort niveau de risque d’impayés, tant à l’échelle mondiale que locale », explique Clarisse Kopff, CEO d’Allianz Trade.
Pour la première fois depuis 2019, les défaillances mondiales rebondiront en 2022 et 2023
Allianz Trade a identifié plusieurs poches de fragilités, qui pourraient résulter en une hausse prononcée des défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale en 2022 et 2023. Tout d’abord, en 2021, le BFR s’est particulièrement accru en Asie (+2 jours), en Europe Centrale et de l’Est (+2 jours) et en Amérique Latine (+2 jours). Une tendance également observée dans certains secteurs comme les équipements des ménages (+8 jours), l’électronique (+3 jours) et les machines et équipements (+2 jours). Ensuite, en Zone Euro, le ratio dette / PIB des entreprises non-financières s’est considérablement dégradé en 2021 (+5,2 points, contre +3,5 points pour les USA). Enfin, le contexte international actuel a engendré un déclin du pouvoir d’achat des ménages, et pourrait résulter en un ralentissement de la demande des consommateurs.
Dans ce contexte, Allianz Trade estime que les défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale croîtront de +10% en 2022 et de +14% en 2023 (-12% en 2021). « Pour la première fois depuis 2019, nous estimons que les défaillances d’entreprises rebondiront à l’échelle mondiale en 2022 et 2023, se rapprochant ainsi de leur niveau pré-Covid-19. En France et en Allemagne, les défaillances croîtront lors des deux prochaines années, mais le nombre de cas restera artificiellement bas du fait des fortes mesures publiques de soutien, qui devraient à nouveau retarder la normalisation », développe Maxime Lemerle, Responsable des études défaillances chez Allianz Trade.
Les défaillances de retour à leur niveau d’avant-crise dès 2022 dans 1 pays sur 3
Dans les deux pays précédemment cités, la France et l’Allemagne, les défaillances d’entreprises ne retrouveront leurs niveaux d’avant pandémie ni en 2022, ni en 2023. C’est également le cas des Etats-Unis, où les entreprises bénéficieront des réserves accumulées depuis la crise et d’un soutien public prolongé. La Chine devrait également maintenir les défaillances à un niveau moindre, malgré une situation tendue pour les entreprises les plus exposées au commerce mondial.
« Nous estimons que les défaillances d’entreprises retrouveront leurs niveaux d’avant-crise en 2022 dans 1 pays sur 3. Pour 1 pays sur 2, cette normalisation aura lieu en 2023. En Europe de l’Ouest, on devrait observer deux tendances distinctes : au Royaume-Uni et en Espagne, le nombre de défaillances dépassera son niveau de 2019 dès la fin de cette année, tandis qu’en Italie, au Portugal et dans les Pays Nordiques, la normalisation ne se produira qu’en 2023 », ajoute Ana Boata, Directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.
En France, malgré de nouveaux soutiens étatiques, le rebond des défaillances a débuté
En France, les soutiens étatiques ont joué un rôle majeur pour contenir les défaillances en 2020 et 2021 : selon Allianz Trade, ces derniers ont permis d’éviter plus de 65.000 défaillances en cumulé lors des deux dernières années. Face à la crise ukrainienne, de nouvelles mesures publiques ont été prises pour soutenir les entreprises, ce qui devrait à nouveau décaler la normalisation vers les niveaux de défaillances observés en 2019.
Toutefois, le rebond des défaillances en France a débuté, avec une hausse constatée de +35% au T1 2022 (vs T1 2021). Sur 12 mois glissants, à fin mars 2022, la dynamique haussière est nette pour les secteurs du commerce automobile (+25%), du transport/entreposage (+18%) et de la construction (+17%).
« De nombreuses entreprises françaises sont, directement ou indirectement, déjà affectées par les nombreux évènements qui perturbent actuellement l’économie internationale. Les soutiens publics devraient maintenir les niveaux de défaillances artificiellement bas en France, mais la tendance est claire : le rebond a débuté. Nous estimons que le nombre de défaillances d’entreprises croîtra, en France, de +15% en 2022 et de +33% en 2023. Certes, cela ne sera pas suffisant pour revenir aux niveaux d’avant-crise, puisque 43 300 cas de défaillances sont attendus en 2023 (-16% vs 2019). Toutefois, la dynamique de normalisation semble bel et bien enclenchée », conclut Maxime Lemerle.
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