Plus de grandes défaillances qu’en 2022… et qu’avant la crise Covid-19
Au T1 2023, Allianz Trade recense 89 défaillances de grandes entreprises à l’échelle mondiale. Il s’agit d’une forte accélération par rapport au premier trimestre 2022, avec 20 cas supplémentaires recensés, soit une hausse de +30%. De quoi dépasser les niveaux pré-pandémie ?
« Sur la période 2017-2019, nous observions en moyenne 85 défaillances de grandes entreprises par trimestre à l’échelle mondiale. Les niveaux d’avant-Covid sont donc dépassés de +5%. Il s’agit en outre du second trimestre consécutif de dépassement des niveaux pré-pandémie de grandes défaillances, puisque nous en avions déjà décompté 88 au T4 2022 », répond Maxime Lemerle, Responsable des recherches défaillances chez Allianz Trade.
Outre le nombre de grandes défaillances d’entreprises, un autre facteur pourrait s’avérer inquiétant si la dynamique se prolongeait : le chiffre d’affaires cumulé des grandes entreprises ayant fait défaillance est également en croissance. En effet, alors qu’il atteignait 44,6 Mds EUR au T1 2022, le chiffre d’affaires cumulé des grandes défaillances d’entreprises s’établit à 72,6 Mds EUR au T1 2023, soit une hausse de +63%.
« Par ailleurs, le chiffre d’affaires moyen des grandes entreprises ayant fait défaillance a lui aussi cru, de l’ordre de +26%, s’établissant désormais à 816 millions d’euros. Les indicateurs sont clairs : de plus en plus de grandes entreprises font défaillance, et il faudra être vigilant quant au risque d’effet domino », détaille Maxime Lemerle.
La distribution et la construction en première ligne, particulièrement en Europe et aux USA
Quels sont les secteurs les plus touchés ? Trois secteurs contribuent particulièrement au rebond des grandes défaillances à l’échelle mondiale : la distribution (16 cas au T1 2023), la construction (13 cas) et les services (7 cas). Ces secteurs paient directement le contexte économique actuel et l’inflation, avec un impact sur les ventes pour la distribution et les services, et une hausse des coûts pour la construction.
Si l’on se penche sur la répartition des grandes défaillances par régions, le constat est simple : toutes les zones sont affectées, à l’exception de l’Europe centrale et orientale. L’Europe occidentale arrive en tête avec 40 défaillances de grandes entreprises au T1 2023, suivie par l’Asie Pacifique (21 cas) et l’Amérique du Nord (18 cas).
« En Europe, le pays le plus affecté est l’Italie, avec 16 défaillances de grandes entreprises recensées au premier trimestre 2023. Il s’agit d’une hausse conséquente (+12 cas par rapport au T1 2022), relative à l’environnement économique mais également à l’implémentation d’un nouveau cadre légal depuis mi-2022. La France a également subi une hausse des grandes défaillances, mais de moindre ampleur, de l’ordre de +3 cas (5 cas au total au T1 2023) : les grandes entreprises françaises semblent mieux résister à la conjoncture économique actuelle, et le soutien public n’y est certainement pas étranger. Enfin, l’Allemagne a vu ses grandes défaillances reculer (-6 cas), mais celles-ci restent à un niveau assez élevé (8 cas au total au T1 2023) », ajoute Maxime Lemerle.
Pour conclure, les Etats-Unis ont subi une hausse importante du nombre de défaillances de grandes entreprises (+12 cas par rapport au T1 2022, soit 15 cas au total au T1 2023), qui provient en partie du fort resserrement monétaire que connait l’économie américaine depuis plusieurs mois. En Chine en revanche, la résilience est de mise : le nombre de grandes défaillances n’a pas augmenté (6 cas au T1 2022 et au T1 2023). Si certains secteurs continuent de souffrir (notamment l’immobilier), la réouverture de l’économie chinoise bénéficie à de nombreuses entreprises.