Dans ce contexte, Euler Hermes a décidé d’intégrer à ses notations de risque pays un ensemble d'indicateurs liés à la durabilité environnementale d'une part (bloc E) et d'ajouter l'analyse du sentiment émanant des médias sociaux dans sa notation du risque politique d'autre part (bloc S). Les questions de gouvernance (bloc G), telles que les cadres réglementaires et juridiques et le contrôle de la corruption, sont déjà incluses dans les notations de risque pays depuis 2003. Ainsi, Euler Hermes est la première compagnie d’assurance-crédit à inclure dans sa méthodologie de notation des indicateurs liés à l’ensembles des matières ESG.
Qu'est-ce que cela change dans la méthodologie ?
La méthodologie de notation du risque pays d'Euler Hermes mesure le risque de non-paiement d'une entreprise dans un pays donné en raison de conditions ou d'événements indépendants de sa volonté. Elle est composée de trois facteurs qui mesurent, à moyen terme, les déséquilibres macroéconomiques, le risque politique et l'environnement structurel des affaires (SBE ou Structural Business Environment). Viennent s’ajouter deux composantes à court terme (indicateur de risque cyclique et indicateur de flux de financement) qui permettent aux analystes de détecter les récessions et les crises de balance des paiements. La notation Euler Hermes comprend plus de 140 indicateurs et est disponible pour 194 pays.
La composante SBE (qui comprend par exemple les indicateurs de facilité de faire des affaires et de contrôle de la corruption) sera désormais complétée par 6 indicateurs évaluant la durabilité environnementale :
- Consommation d'énergie et PIB : kilogramme d'équivalent pétrole pour 1.000 dollars US de PIB, en parité de pouvoir d’achat constante de 2011 ;
- Part de la production d'électricité renouvelable sur la production totale d'électricité ;
- Émissions de CO2 et PIB : kilogramme de CO2 en parité de pouvoir d’achat constante de 2011 du PIB ;
- Stress hydrique : prélèvement annuel d'eau douce en proportion des ressources en eau douce disponibles ;
- Taux de recyclage sur le total des déchets ;
- Vulnérabilité au changement climatique : personnes touchées par des catastrophes liées au climat, calculé sur 100.000 habitants, moyenne sur 5 ans.
Le volet « risque politique » comprendra l'analyse des sentiments dans les médias sociaux. Euler Hermes utilise pour cela des algorithmes scientifiques appliqués à de grands ensembles de données provenant des réseaux sociaux prédominants. Ces algorithmes permettent de saisir les risques de troubles sociaux, comme cela a été récemment démontré sur le terrain au Moyen-Orient et en Amérique latine. La méthodologie Euler Hermes comprend déjà, depuis le Printemps arabe, une série d'indicateurs visant à mesurer les inégalités omniprésentes et l'immobilité sociale.
Ludovic Subran, Chief Economist Allianz et Euler Hermes : « Notre nouvelle méthodologie d'évaluation du risque pays vise à saisir les vulnérabilités liées au changement climatique et aux troubles sociaux pour les entreprises, qui pourraient être confrontées à des coûts de financement plus élevés et à des chaînes d'approvisionnement perturbées, voire à des interruptions d'activité. Nous observons de près les petits États insulaires en développement, les pays avec une part importante d’énergie carbonée et les pays où les risques d'inondations sont élevés – en particulier l’impact sur le commerce B2B entre entreprises. Ces chocs exogènes sont souvent une inconnue pour les fournisseurs qui ne les incluent pas dans leur analyse du risque de non-paiement. À l'avenir et au fur et à mesure que la prise de conscience s'accroît, je ne serais pas surpris que certains pays présentent des risques de non-paiement moins élevés grâce à des politiques d'adaptation réussies. »