Une vague décalée dans le temps, mais qui fera des dégâts

20/07/2020

Euler Hermes présente sa dernière étude sur l’évolution du risque d’impayés en France et dans le monde. Dans ce rapport, le leader mondial de l’assurance-crédit fait état de ses prévisions de défaillances d’entreprises pour 2020 et 2021, et détaille l’impact du Covid-19 sur la santé financière des entreprises, qui pour la plupart étaient déjà fragiles avant que la crise ne survienne. Au sommaire :

  • Alors que la crise Covid-19 affecte fortement un grand nombre d’entreprises, la vague de défaillances sera décalée dans le temps et aura lieu entre le second semestre 2020 et le premier semestre 2021. Ce décalage provient de deux facteurs principaux : (i) une raison purement statistique, puisque certains pays ont fermé leurs tribunaux de commerce et / ou ont gelé les procédures d’enregistrement des faillites afin de laisser le temps aux entreprises de se relever de la crise. Il y a donc des entreprises déjà en situation de défaut de paiement, mais qui ne sont pas encore prises en compte dans les statistiques. (ii) Le facteur étatique, puisque de nombreux plans de soutien aux entreprises ont été mis en place par les Etats et jouent un rôle d’amortisseur. Toutefois, ces mesures ne seront pas durables dans le temps, et les entreprises les plus en difficultés auront du mal à survivre à l’arrêt de ces soutiens.

  • In fine, Euler Hermes estime que les défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale croîtront de +35% entre 2019 et 2021 (+17% en 2020, +16% en 2021), soit le plus haut niveau jamais atteint depuis la crise de 2009. Parmi les zones les plus touchées, et où la vague de défaillances arrivera le plus rapidement, on retrouve la région Asie Pacifique (+31% de défaillances entre 2019 et 2021). Cette zone fut la première touchée par l’épidémie, ce qui explique que l’explosion des défaillances y arrive plus vite que dans d’autres pays. Les Etats-Unis vivent une situation comparable, avec une hausse des défaillances attendue à +57% entre 2019 et 2021. La propagation rapide du virus aux USA a accentué le recul de l’activité économique et généré une crise des liquidités pour de très nombreuses entreprises. L’Europe de l’Ouest ne sera pas épargnée, avec une hausse attendue de +32% entre 2019 et 2021. Dans la région, la tendance est partagée : la moitié des pays seront touchés dès cette année par la vague de défaillances (Suède, Irlande, Italie, Portugal), l’autre moitié subira une forte résurgence des défaillances en 2021 (France, Royaume-Uni, Allemagne).

  • En France, la vague de défaillances arrivera au T4 2020 et se prolongera sur le premier semestre 2021. Le plan étatique massif de soutien aux entreprises (reports de charge, PGE, …), la fermeture des tribunaux de commerce et le gel des procédures collectives jusque mi-octobre permettront de retarder la vague de défaillances. Toutefois, elle ne pourra pas être évitée : entre 2019 et 2021, le nombre de défaillances d’entreprises croîtra de +25% en France. En matière de volume, un triste record sera prochainement atteint : en 2021, plus de 64 000 défaillances d’entreprises sont attendues en France. Le coût économique de ces défaillances sera conséquent pour la France : le passif fournisseur engendré par ces faillites devrait atteindre 4,2 Mds EUR en 2020 et 5,7 Mds EUR en 2021, pour un cumul sur ces deux années représentant 0,4 point de PIB.

  • Euler Hermes a également étudié deux autres scénarios alternatifs à l’échelle mondiale : (i) en cas d’arrêt prématuré des mesures de soutien, les défaillances d’entreprises dans le monde pourraient croître de +40 à +45% entre 2019 et 2021 ; (ii) si l'économie mondiale met plus de temps que prévu à se remettre du choc lié au Covid-19, la hausse des défaillances pourrait atteindre +85 à +95% entre 2019 et 2021 au plan international. Enfin, même si un soutien supplémentaire aux entreprises permettrait de limiter les défaillances à court terme, cela maintiendrait en vie des entreprises déjà en grande difficulté, augmentant ainsi le risque de nouvelles défaillances à moyen-long terme.