En 2018, des délais de paiement raccourcis à l’échelle mondiale (-1 jour), mais rallongés en France (+2 jours)
Chaque année, Euler Hermes analyse l’évolution des délais de paiement moyens (DSO, Days Sales Outstanding) dans le monde, par pays et par secteur. Dans sa dernière étude sur le sujet, le DSO s’est contracté de -1 jour à l’échelle mondiale en 2018 (65 jours) et devrait suivre la même logique en 2019 (-1 jour à 64 jours).
« En 2017, les délais moyens de paiement dans le monde ont atteint 66 jours, soit le plus haut niveau observé en 10 ans. Mais en 2018, les entreprises ont ressenti les premiers signes de ralentissement de l’économie mondiale. Dans un élan de prudence, elles ont imposé des délais de paiement plus courts à leurs clients. Nous estimons que le même scénario se répétera en 2019, d’où ces deux années consécutives de contraction du DSO à l’échelle mondiale », justifie Marc Livinec, analyste sectoriel chez Euler Hermes et auteur de l’étude.
En Chine, 1 entreprise sur 4 est payée 4 mois après la livraison
Certes, les délais de paiement ont reculé de -1 jour en Chine en 2018. Mais à 92 jours, le DSO chinois reste le plus élevé à l’échelle mondiale. Pire encore : en Chine, 1 entreprise sur 4 est payée 4 mois après la livraison. En subissant des délais de paiement aussi long, les entreprises chinoises jouent un véritable rôle de banque invisible pour leurs partenaires commerciaux, qu’ils soient basés en Chine, en Asie ou dans le monde.
Au classement du DSO le plus long, la Chine est suivie par plusieurs pays du bassin méditerranéen : la Grèce (90 jours, +2 jours), l’Italie (86 jours, +5 jours), le Maroc (84 jours, +2 jours), ou encore l’Espagne (78 jours, +1 jour).
Détérioration constatée des délais de paiement en France
En France, le DSO s’est rallongé de +2 jours en 2018. Il atteint désormais 73 jours, soit 9 jours de plus que la moyenne mondiale. La France fait ainsi partie des 10 pays où les délais de paiement sont les plus longs à l’échelle mondiale.
Le délai de paiement moyen des clients, ou DSO, est le laps de temps qui s’écoule entre la date de livraison d’un produit à un client et la date de règlement dudit produit par le client
« La conjoncture française a été porteuse en 2017, avec une croissance économique dépassant les +2%. Les entreprises ont ainsi été moins strictes sur les délais de paiement accordés à leurs clients, et n’ont pas anticipé le ralentissement connu en 2018. Le DSO s’est en conséquence rallongé, ce qui est maintenant problématique : avec une demande qui croit lentement, des marges contraintes et un endettement croissant, il s’agit d’un facteur de plus pesant sur la trésorerie des entreprises françaises », analyse Stéphane Colliac, économiste en charge de la France chez Euler Hermes.
Les secteurs proches du consommateur subissent une hausse du DSO
Au niveau sectoriel, ce sont les entreprises les plus proches du consommateur final qui enregistrent une détérioration des délais de paiements. A l’échelle mondiale, en moyenne, le DSO a cru de +1 jour dans les secteurs de l’agroalimentaire, des biens d’équipement, des produits pharmaceutiques et des télécommunications.
A l’inverse, les secteurs industriels aux DSO déjà élevés ont connu une amélioration. C’est notamment le cas de la construction (-3 jours en moyenne à l’échelle mondiale), de l’électronique (-2 jours), de l’IT (-2 jours), de l’énergie (-2 jours) et de la chimie (-1 jour). Davantage sensibilisées au risque d’impayés, les entreprises de ces secteurs ont été amenées à imposer des conditions de règlement plus strictes à leurs clients.