Le marché BTP : beaucoup d’opportunités… et 8 risques majeurs

26/09/2018
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Le Bâtiment et les Travaux Publics (BTP) pèse pour près de 15% de l’économie française. Les opportunités n’y manquent pas, les risques non plus. Principaux points d’attention sur un marché de 170 milliards d’euros.
Après de longues années de disette, le marché de la construction relève la tête, et celui des travaux publics est bien reparti. Efficacité énergétique, loi d’orientation des mobilités, vastes projets d’infrastructure à commencer par le Grand Paris, nouveaux outils numériques, et un taux de crédit immobilier qui n’a jamais été aussi bas : les opportunités abondent. Mais pour en profiter, il va falloir maîtriser les 8 risques qui leur sont attachés

Le secteur est très réactif au climat économique, tant à long terme qu’à court terme. Il évolue selon des mouvements de fond, comme la démographie et les évolutions sociologiques (rapprochement domicile/travail, familles monoparentales, métropolisation, etc.) – mais aussi au plus près des conditions du moment : la conjoncture économique générale, les politiques publiques d’aménagement du territoire et de logement, le pouvoir d’achat des ménages, l’évolution des taux d’intérêt…

Il est aussi soumis aux variations du prix des matériaux – métaux, ciment, verre, , produits d’isolation…, qui peuvent être importantes dans notre économie mondialisée.

Qu’il s’agisse de repeindre la façade d’un pavillon ou de construire un barrage, nul n’échappe à la météo et à ses aléas. Les accidents climatiques pénalisent l’activité, retardent les chantiers, bouleversent les plans de charge, et peuvent aussi mettre les hommes en danger.

La multiplication des phénomènes météorologiques violents, dès aujourd’hui mais plus encore à venir du fait du réchauffement climatique, constitue un risque à intégrer au cœur de ses process.

Le BTP est soumis à de nombreuses réglementations et normes qui couvrent les aspects environnementaux, les questions de sécurité, d’hygiène et de santé au travail, les règles des marchés et des secteurs, les assurances et garanties, etc.

Le magazine Le Moniteur a comptabilisé 65 nouveautés législatives et réglementaires entrées en application le 1er janvier 2018 dans les domaines de l’urbanisme et de l’environnement, de l’immobilier et du logement, de la commande publique, de la réglementation technique et du droit à la construction.

Face à ce déferlement, les entreprises du BTP devraient réaliser une veille règlementaire pour s’assurer de rester dans les clous. Mais 95 % des d’entre elles ont moins de 10 salariés…

Hormis les majors et quelques ETI, la grande majorité des entreprises du secteur sont peu capitalisées, ce qui entraîne la méfiance des prêteurs : le haut de bilan n’est pas toujours bien solide, d’autant qu’il a fallu parfois « passer la paille de fer » pour survivre à la mauvaise conjoncture.

En période de retour de la croissance, une telle situation fait craindre l’apparition d’un dangereux effet de ciseaux : l’augmentation du chiffre d’affaires fait croître l’EBE (Excédent brut d’exploitation) mais aussi le BFR (Besoin en fonds de roulement). Et si la croissance du BFR est supérieure à celle de l’EBE, la trésorerie de l’entreprise se tend avec comme conséquences : l’augmentation des charges financières, des problèmes d’approvisionnement, des difficultés à payer ses fournisseurs, voire la cessation de paiements et d’activité.

Selon l’Observatoire Allianz Trade, le BTP pratique des délais de paiement dans la moyenne nationale : 75 jours de DSO (days sales outstanding). Dans la pratique, on assiste à une importante diversité de situations, et à des écarts importants. Les incidents de paiement ne sont pas rares.

La gestion des encours est particulièrement cruciale dans le BTP, à cause de l’effet domino lié à la cascade de sous-traitance. La défaillance d’une entreprise peut rapidement remonter toute la chaîne, et il faut avoir pu se protéger au préalable.

Selon une enquête de la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), le nombre de travaux de construction ou de rénovation d’un logement subissant deux litiges et plus a augmenté de 112 % en deux ans.

Les litiges proviennent souvent d’une mauvaise communication entre les parties, ou d’imprécisions dans le cahier des charges. Malheureusement, ils sont parfois aussi utilisés comme de bonnes… et de mauvaises raisons pour retarder un règlement, ou ne pas payer du tout. Et mettre à plat la trésorerie.

Les fraudeurs ont toutes les audaces. Voici trois exemples parmi d’autres :
 

  • La fraude aux faux fournisseurs
    Actuellement la plus fréquente, selon le baromètre DFCG/Allianz Trade. Son principe est simple : un fournisseur envoie un courrier contrefait demandant de changer ses coordonnées bancaires. Le règlement est ainsi détourné vers un autre compte, le client reste redevable de sa dette, et le fournisseur est payé en retard…
  • L’usurpation d’identité
    Un constructeur de maisons du Cantal est passé tout près de la catastrophe. Début 2018, un avocat, se prétendant mandaté par le Président, réclamait 542.000 euros au comptable pour une opération « exceptionnelle, urgente et confidentielle ». La PME a réussi à récupérer son argent – tout le monde n’a pas cette chance.
  • La carambouille
    La « carambouille » consiste à vendre un bien qui n’appartient pas à l’escroc, lequel l’a loué ou acheté à crédit sans s’acquitter de sa dette. Un grand classique, notamment autour des engins de chantier.

Sans oublier les fraudes internes toujours possibles, tant du côté du personnel administratif que dans les stocks et les magasins.

La transformation numérique a atteint le BTP, dont l’utilisation d’applications spécialisées, de matériels high-tech ou de solutions de commercialisation en ligne n’a jamais été aussi élevée. Elle entraîne aussi une vulnérabilité plus grande aux attaques des cyberfraudeurs.

  • Ransomwares
    Un clic sur une pièce jointe d’apparence anodine, et les machines et les serveurs se retrouvent bloqués : leurs données ont été encryptées par un ransomware, qui réclame une rançon contre la clé de déchiffrement. En 2017, des entreprises comme Saint-Gobain, Point P, Lapeyre, mais aussi Homly you – la plateforme de comparaison des devis travaux, ou Outiz – e-commerce de matériels de bricolage et de chantier, ont été victimes du ransomware NotPetya.
  • Ingénierie financière
    Les scénarios complexes font intervenir étude des process de l’entreprise, écoute des messageries, mise au point et enfin exécution d’un scénario d’usurpation d’identité, qui pourra emprunter tous moyens : mails, courriers, certificats, conversations téléphoniques, intervention d’un ou plusieurs tiers, etc.
Pour profiter des opportunités de marché, le BTP doit pouvoir s’affranchir de certains de ses risques, qui sont autant de contraintes qui pèsent sur son succès.