- Plus de la moitié du PIB mondial sera confrontée à une augmentation à deux chiffres des défaillances d'entreprises en 2024.
- Près de 1,6 million d'emplois en Europe et en Amérique du Nord pourraient être menacés en 2025.
- L'assouplissement total de la politique monétaire (-2 points de pourcentage d'ici septembre 2025) devrait contribuer à réduire la tendance des défaillances, notamment en France et aux États-Unis (-4 points de pourcentage) en stimulant la rentabilité des entreprises (+4 points de pourcentage et +2,8 points de pourcentage, respectivement)
- En France, un nouveau record est en vue avec environ 67000 défaillances d’entreprises attendues en 2024.
Dans son dernier rapport sur les défaillances d’entreprise à l’échelle mondiale, Allianz Trade révèle des perspectives plus sévères pour le paysage commercial mondial, avec des défaillances qui devraient augmenter de +11% en 2024 - une hausse encore plus forte que prévu. Le rapport met en évidence les principales tendances et les risques par région, pays et secteur, alors que l'économie mondiale est aux prises avec une demande atone, des tensions géopolitiques persistantes et des conditions de financement inégales.
En France, une tendance haussière des défaillances d’entreprises pour la 3ème année consécutive
En France, malgré des signes d'essoufflement sur la période la plus récente, la tendance haussière devrait terminer l'année sur un rythme soutenu pour la troisième année consécutive (+18% en glissement annuel après +49% et +35% en 2022 et 2023, respectivement). Sur l’ensemble de l’année, les défaillances d’entreprises atteindraient 67 000 cas, soit un niveau record et nettement supérieur à celui d'avant la pandémie (de +22% par rapport à la moyenne 2016-2019), témoignant de l'importance de l'effet de rattrapage qui s'ajoute au cycle économique et à la simple normalisation post-Covid.
« En France, les défaillances dépassent de loin leur moyenne 2010-2019 dans un grand nombre de secteurs : transport-entreposage, information-communication, commerce de détail automobile, immobilier-finance-assurance, hôtellerie-restauration, et services, tant aux particuliers qu'aux entreprises. Nous prévoyons un nombre de défaillances d'entreprises légèrement inférieur en 2025 et 2026, car la croissance du PIB devrait s'accélérer modérément de +1,1% en 2024 à +1,2% en 2025, aidée par l'assouplissement des conditions de crédit induit par la BCE. Cependant, cela signifierait toujours plus de 60 000 cas en 2025 et 2026 » indique Maxime Lemerle, Responsable des recherches défaillances chez Allianz Trade.
Une accélération mondiale plus rapide que prévu
Lorsque nous avons publié nos premières prévisions mondiales en matière de défaillances d’entreprises en février, nous nous attentions déjà à une forte augmentation en 2024 (+9%) suivie d'une stabilisation en 2025. La dynamique affichée depuis le début de l’année a plus que confirmé cette perspective, nous amenant à l’ajuster à la hausse, avec une augmentation de +11% prévue pour cette année (+2 points de pourcentage par rapport à la prévision de février), suivie d'un pic en 2025 à +2% (+2 points de pourcentage par rapport à la prévision précédente). Sur le plan mondial, les défaillances d'entreprises ne se stabiliseraient donc pas avant 2026, avec un indice mondial toujours à un niveau élevé. Cette perspective d’ensemble résulte toutefois de dynamiques différentes selon les pays.
Aux Etats-Unis, Allianz Trade prévoit une hausse des défaillances de +12% en 2025 avant une baisse de -4% en 2026. En Allemagne, elles augmenteront de +4% avant de baisser de -4% en 2026. En France et au Royaume-Uni, elles se modéreront légèrement à partir de niveaux très élevés (-6% en 2025 pour les deux contre -3% et -4% en 2026 respectivement) tandis qu'en Italie, elles continueront à augmenter (+4% et +3% respectivement). En Chine, les défaillances d'entreprises commenceront à augmenter à partir de faibles niveaux, +5% et +6% en 2025 et 2026, respectivement.
Plus de la moitié du PIB mondial sera touchée par des augmentations à deux chiffres
Depuis le début de l'année, les défaillances d'entreprises ont déjà augmenté de +9% et la hausse a été généralisée dans toutes les zones géographiques et tous les secteurs. Au niveau mondial, l'indice global des défaillances 2024 d'Allianz Trade devrait se situer à +13% au-dessus de sa moyenne 2016-2019, mais -11% en dessous de son niveau de la crise financière mondiale.
« Cette évolution en dents de scie des défaillances d'entreprises est en partie due à une demande mondiale encore timide, à une incertitude géopolitique persistante et à des conditions de financement inégales. Elle s'explique également par la normalisation des défaillances, les entreprises n'étant plus protégées par les mesures de soutien mises en place lors de la pandémie et de la crise énergétique. C'est pourquoi plus de la moitié du PIB mondial sera frappé par une hausse des défaillances à deux chiffres en 2024, et deux pays sur trois pourraient dépasser leur niveau pré-pandémie cette année. La construction, le commerce de détail et les services ont été les plus durement touchés, à la fois en termes de fréquence et de gravité », ajoute Aylin Somersan Coqui, CEO d'Allianz Trade.
Les grandes faillites ont notamment atteint un niveau record, l'Europe de l'Ouest étant en tête de cette tendance. Cette situation constitue également une menace majeure pour l'emploi, en particulier en Europe et en Amérique du Nord. D'ici 2025, plus de 1,6 million d'emplois pourraient être menacés dans ces régions, soit 8 % du nombre total de chômeurs, ce qui représente le niveau le plus élevé depuis dix ans. Les principaux secteurs menacés sont la construction, le commerce de détail et les services.
La baisse des taux d'intérêt peut-elle changer la donne pour les entreprises ?
Si l'assouplissement progressif des politiques monétaires doit apporter un certain soulagement, il ne constituera pas une solution miracle pour les entreprises en difficulté. La baisse des taux d'intérêt permet de réduire les coûts d'emprunt, d'améliorer les flux de trésorerie et de stimuler la rentabilité, mais elle ne peut pas résoudre complètement les problèmes financiers qui menacent les entreprises.
« Les entreprises ont déjà commencé à se désendetter et à s'adapter aux taux élevés. Notre analyse suggère que le cycle d'assouplissement actuel (-2 points de pourcentage d'ici à septembre 2025) conduirait à -4 points de pourcentage de la dynamique des défaillances, grâce à des marges plus élevées (jusqu'à +2 points de pourcentage en Allemagne, +4 points de pourcentage en France, +3 points de pourcentage au Royaume-Uni et +2,8 points de pourcentage aux États-Unis). Cependant, cela ne compenserait que légèrement la hausse attendue aux États-Unis, par exemple, et renforcerait légèrement la baisse en France », conclut Maxime Lemerle.