L’impact de l’épidémie de Covid-19 pour les directeurs financiers

27/07/2020

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C’est une expression qui a été utilisée à maintes reprises ces derniers mois : nous vivons une époque « sans précédent ». La crise sanitaire est venue bouleverser notre façon de travailler au quotidien…

En février 2020, nous avions interrogé 847 décideurs financiers Européens pour connaître leur point de vue sur le monde des affaires, et ses évolutions à venir. A peine un mois plus tard, il était difficile d’imaginer comment la situation aurait pu évoluer, l’épidémie de Covid-19 devenant ainsi la priorité de chaque entreprise.

En menant une seconde enquête au mois de mai 2020, nous avons pu comparer directement les retours des directeurs financiers avant et après le passage du Covid-19.

Pour en savoir plus, téléchargez les résultats de notre enquête DAF, quelles perspectives pour l’avenir ?

La confiance des DAF

Depuis que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a officiellement déclaré, le 11 mars dernier, la propagation du virus Covid-19 comme une pandémie, de nombreuses études ont permis d’examiner son impact sur la confiance des entreprises.

Il n’est pas surprenant que les chefs d’entreprise soient, dans l’ensemble, moins confiants qu’ils ne l’étaient avant l’épidémie. Cependant, bien qu’il y ait clairement une incertitude accrue, notre enquête a également montré que de nombreux directeurs financiers restent relativement optimistes quant à leurs activités, leurs rôles et leur capacité à faire repartir l’activité à l’avenir.

Dans un rapport PWC publié en juin 2020, seuls 4% des directeurs financiers déclaraient que l’impact de la crise était encore difficile à évaluer, ce qui indique qu’ils ont d’ores et déjà une vision plus claire de la voie à suivre. Dans cet esprit, notre étude a mis en avant 3 tendances dégagées par les directeurs financiers interrogés.

Un optimisme prudent

Début 2020, les directeurs financiers se sentaient largement confiants quant à l’année à venir, même face aux turbulences économiques causées par des problèmes tels que le Brexit. Selon notre enquête, il y avait un optimisme relatif  autour des ventes et des bénéfices – respectivement 67% et 69% des répondants anticipant une amélioration des ventes et de la rentabilité de leur entreprise.

Lors de la seconde enquête, réalisée en mai 2020, ces chiffres sont tombés respectivement à 52% et 48%. Bien que les responsables financiers soient nettement moins nombreux à prévoir une amélioration du chiffre d’affaires et de la rentabilité au cours de l’année à venir, ces chiffres restent étonnamment élevés compte tenu des circonstances.

Interrogés avant la crise sur leur rôle pour 2020, les mots le plus souvent cités par les DAF étaient « confiant » (50 %) et « optimiste » (48 %) : 70 % des répondants ayant cité au moins un de ces sentiments positifs. Suite à la crise du Covid-19, le nombre de personnes se disant « confiantes » au cours des 12 prochains mois est passé à 36%. Ce chiffre, même faible démontre une certaine résilience de la part des directeurs financiers.

Interrogés après l’épidémie sur leurs principales sources d’optimisme, les directeurs financiers ont mentionné la technologie, de nouvelles opportunités étant découvertes et, surtout, le sentiment que – bien que la situation soit difficile pour le moment – les choses reviendront à la normale.

Cette perspective pourrait cependant prendre du temps. Notre département de recherche économique anticipe en effet une reprise « en U » – qui sera soutenue par des politiques très accommodantes – avec un retour au niveau de production d’avant la crise qui ne serait visible qu’à partir de 2022. Nous prévoyons également une contraction du PIB mondial, estimée à ce jour à -4,7 % pour l’année 2020.

Les investissements technologiques : dépendant de l’atténuation des risques commerciaux

Les nouvelles technologies étaient l’un des principaux facteurs de confiance pour les directeurs financiers avant que l’épidémie ne touche l’Europe.

Interrogés sur l’impact de certaines tendances sur leur entreprise, tels que l’accès au financement, la croissance économique, et le commerce international, les répondants ont considéré que les nouvelles technologies représentaient le plus important impact positif au cours de l’année écoulée.

Dans le même temps, 73 % des répondants ont exprimé leur enthousiasme concernant l’impact potentiel de ces nouvelles technologies – un chiffre qui est passé à 75% lors de l’enquête menée en mai.

Le rôle de la technologie pendant la pandémie a été critique – notamment en raison de la transition brutale vers le télétravail. Les entreprises qui avaient investi dans la technologie pour faciliter leurs opérations, y compris par le biais de l’automatisation des processus, ont été largement avantagées pour le maintien de la continuité de leur activité.

Cet enthousiasme pour les nouvelles technologies se reflète dans un engagement continu à investir. Avant la propagation du Covid-19, 22% des directeurs financiers se disaient prêts à investir dans le digital si l’entreprise augmentait ses dettes ou son effet de levier au cours l’année à venir, avant même le développement de nouveaux produits et service (20%).

Même suite à la crise du Covid-19, ce chiffre reste sable (21%) – il a cependant été dépassé par l’investissement en fonds de roulement, cité par 30% des répondants comme la priorité principale d’investissement. Cette nouvelle donnée s’explique naturellement par la nécessité de survivre dans le contexte actuel.

Il semble cependant très probable que les investissements technologiques, redeviennent la priorité des entreprises à moyen/long terme.

La flexibilité et l’adaptabilité : des compétences primordiales pour les DAF

Avant la pandémie, le rôle « traditionnel » du directeur financier était déjà en train d’évoluer, mixant les compétences purement techniques avec une appétence croissante pour la stratégie et l’innovation.

Lorsque nous avons interrogé les responsables financiers en février sur les compétences dont ils avaient besoin pour réussir, la flexibilité et l’adaptabilité se classaient au premier rang – devant des domaines plus « traditionnels » tels que la rigueur et la précision.


Ces compétences humaines sont devenues encore plus critiques suite à la propagation du virus. En effet, le nombre de répondants citant la flexibilité et l’adaptabilité comme des compétences clés à significativement augmenté lors de notre deuxième vague d’enquête en mai 2020.

Aller de l’avant

Compte tenu de l’impact à long terme de la crise actuelle, notre département Recherche Economique s’attend à des impacts négatifs liés à une perte de capacité de production, d’emplois et de commerce, ainsi qu’à une montée du risque politique. Cependant, malgré ces temps difficiles, de nouvelles sources de croissance pourraient apparaître dans des domaines tels que les nouvelles infrastructures, la santé, la numérisation et l’énergie. Fondamentalement, la crise actuelle pourrait jouer le rôle de catalyseur dans la réaffectation des secteurs non compétitifs vers des secteurs plus prometteurs à l’avenir. Alors que les directeurs financiers de toute l’Europe se préparent à une période trouble, le moment est venu de réfléchir à la bonne stratégie, et de s’assurer que des mesures sont en place pour stimuler la croissance des activités et permettre une gestion performante des difficultés à venir. Bien que potentiellement encore loin, l’optimisme devrait éventuellement revenir une fois la crise passée.

Comme le conclut Louise Jordan, DAF chez Allianz Trade Amérique du Nord : « Les directeurs financiers doivent maintenir l’optimisme – chaque expérience est bonne à prendre. Au cours des prochains mois, l’économie va redémarrer et nous verrons émerger de nouveaux produits et services qui n’existaient pas avant la crise. Dans le même temps, de nouvelles façons de travailler vont voir le jour. Combinez-les ensemble et vous aurez un modèle d’entreprise plus fort et plus efficace qu’avant la crise. »

Pour en savoir plus, téléchargez les résultats de notre enquête DAF, quelles perspectives pour l’avenir ?