Un ralentissement toujours attendu en 2023, mais moins prononcé qu’initialement prévu
Selon Allianz Trade, la croissance économique mondiale ralentira sensiblement en 2023 à +2,5% (+3% en 2022). Le leader mondial de l’assurance-crédit revoit ainsi sa prévision de croissance mondiale légèrement à la hausse (+0,3 point par rapport à la précédente prévision).
« La résilience du marché de l’emploi, le soutien budgétaire des Etats, la lente transmission du durcissement monétaire à l’économie réelle et le fait que l’Europe ait évité une crise énergétique l’hiver dernier sont les principaux facteurs justifiant notre révision à la hausse. Toutefois, il ne faut pas se méprendre : l’économie mondiale ralentira sensiblement cette année. Les effets résiduels du resserrement monétaire entravent fortement le potentiel de croissance des économies avancées, avec un important ralentissement attendu aux Etats-Unis (+1,5% soit -0,6 point vs 2022) et en zone euro (+0,5% soit -3 points vs 2022) cette année. L’Allemagne devrait même entrer en récession (-0,1% en 2023), et la France enregistrer une croissance quasi nulle (+0,6% soit -2 points vs 2022). En parallèle, les marchés émergents subissent une pression croissante du fait d’importants déséquilibres internes et externes. L’Amérique Latine perdra ainsi -2,1 points de croissance en 2023 (+1,6%) et le Moyen-Orient -4 points (+2,7%) », nuance Ana Boata, Directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.
En parallèle de ces prévisions sur la croissance du PIB, Allianz Trade a également mis à jour ses prévisions concernant le commerce mondial. Selon le leader mondial de l’assurance-crédit, les échanges commerciaux internationaux devraient se contracter de -0,7% en volume et de -2,1% en valeur en 2023.
Vers un second ralentissement consécutif en 2024 ?
Qu’espérer pour l’année 2024 ? Les experts Allianz Trade estiment que la croissance économique mondiale enregistrera un second ralentissement consécutif l’année prochaine. Leur prévision n’a pas bougé, avec une croissance mondiale attendue à +2,3% en 2024, mais la révision à la hausse de la prévision 2023 a fait bouger les lignes.
« Le ralentissement mondial attendu en 2024 (-0,2 point par rapport à 2023) est moins fort que celui prévu cette année (-0,5 point par rapport à 2022). Il trouvera sa source dans la fin progressive des soutiens budgétaires déployés par les gouvernements et dans la persistance d’une politique monétaire dure en zone euro et aux Etats-Unis. En effet, selon nos estimations, la BCE et la FED pourraient relâcher légèrement la pression cet été, mais leur approche restrictive ne devrait pas pivoter avant le printemps 2024. Nous prévoyons d’ailleurs une reprise de l’économie mondiale après mi-2024 », développe Ana Boata.
Dans ce contexte, un nouveau ralentissement est attendu aux Etats-Unis l’année prochaine (+0,7% soit -0,8 point par rapport à 2023). La zone euro pourrait quant à elle enregistrer un léger rebond (+1% soit +0,5 point), principalement soutenu par une potentielle normalisation énergétique. La croissance de ses membres restera toutefois atone : elle devrait atteindre +0,7% en Italie, +0,8% en Allemagne et +0,9% en France. Côté émergent, une certaine stabilité de la croissance est attendue en 2024, avec une accélération de +0,1 point en Amérique Latine et un ralentissement de -0,1 point au Moyen-Orient.
De nombreux facteurs d’incertitudes pourraient peser sur les perspectives de croissance mondiale
Plusieurs paramètres pourraient challenger les prévisions d’Allianz Trade, et pousser le leader mondial de l’assurance-crédit à les revoir à la baisse :
- En 2024, de nombreuses échéances électorales sont attendues, et dans des économies très importantes. Concrètement, les pays concernés par des élections l’année prochaine représentent 75% du PIB mondial : l’issue de ces élections aura forcément un impact sur l’économie internationale.
- Même si la probabilité d’une crise financière d’ordre mondial semble être écartée pour le moment, le risque de nouvelles faillites bancaires persiste, ce qui n’est pas de nature à rassurer les marchés et les investisseurs.
- Toujours côté monétaire, la persistance de l’inflation, qui dure plus longtemps que prévu, accroît le risque d’erreur de politique des banques centrales. D’autant que de nouveaux resserrements pourraient prolonger l’actuel ralentissement économique mondial.
- En Europe, le spectre de la crise énergétique continue de planer. De nouvelles contraintes d’approvisionnement en gaz, et la perspective d’un hiver 2023-2024 particulièrement froid, affecteront forcément les perspectives de croissance de la zone euro.