
Etude BFR & DSO 2025
La fracture transatlantique du BFR : le cash aux actionnaires américains et le crédit aux fournisseurs européens
- Les besoins mondiaux en fonds de roulement (BFR) ont rebondi en 2024, atteignant leur plus haut niveau depuis 2008 (+2 jours à 78 jours), sous l'effet de l'allongement des délais de paiement (DSO +2 jours).
- En France, le BFR a augmenté de +8 jours en 2024, après une hausse déjà importante de +5 jours en 2023.
- Les entreprises européennes ont joué le rôle de banque invisible, accordant environ 11 milliards d'euros de crédits commerciaux tandis que les entreprises américaines ont utilisé les liquidités libérées pour récompenser leurs actionnaires.
- Si les droits de douane prévus lors du « Liberation day » sont pleinement mis en œuvre, les entreprises devront financer 8,5 milliards d'euros supplémentaires en Europe et 15,5 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis (soit 3 jours de chiffre d'affaires)
Le besoin mondial en fonds de roulement a atteint son plus haut niveau depuis 2008
En 2024, le besoin en fonds de roulement (BFR) mondial a augmenté de deux jours pour atteindre 78 jours de chiffre d’affaires, son plus haut niveau depuis la crise financière mondiale, avec des signes limités d'essoufflement début 2025. Si cette tendance s'est observée dans la plupart des régions, l'Europe occidentale s'est démarquée avec une hausse de quatre jours pour la troisième année consécutive, tandis que la région Asie Pacifique (APAC) a enregistré une augmentation modérée (+2 jours). À l'inverse, les États-Unis se sont distingués par une baisse due à la réduction des stocks.
L'Europe occidentale s'est distinguée par la plus forte augmentation du BFR régional pour l'ensemble de l'année 2024 (+4 jours), prolongeant ainsi la tendance observée au cours des deux années précédentes (+3 jours en 2022 et 2023), tandis que la plupart des pays ont contribué à ce résultat régional, notamment la France (+8) et l'Allemagne (+2), à l'exception du Royaume-Uni et de l'Espagne. Dans l'ensemble, le BFR régional représentait 67 jours de chiffre d'affaires au quatrième trimestre 2024.
« Au quatrième trimestre 2024, 35 % des entreprises mondiales affichaient un délai moyen de paiement supérieur à 90 jours, et les chiffres partiels indiquent un rebond trimestriel légèrement supérieur à la normale », déclare Ano Kuhanathan, Responsable de la recherche sectorielle chez Allianz Trade. « Cependant, les stocks des entreprises américaines ont diminué malgré des importations record, ce qui indique une anticipation sélective plutôt qu'une constitution généralisée de stocks. Cela a stimulé les bénéfices et libéré des capitaux, ouvrant la voie à des rachats d'actions qui devraient dépasser 1 000 milliards de dollars en 2025 (234 milliards de dollars annoncés au premier trimestre 2025). Les entreprises américaines ne parient pas sur la croissance et réorientent leurs capitaux des entrepôts vers les portefeuilles, et des usines vers les actionnaires ».
Sept secteurs ont principalement contribué à l'augmentation du BFR en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Asie-Pacifique, sous l'effet d'une demande faible : les équipements de transport, les produits chimiques, l'énergie, le commerce de détail, les équipements mécaniques, les métaux et les services informatiques/logiciels. En revanche, les baisses du BFR ont été plus dispersées, la majorité des secteurs américains s'améliorant et quelques secteurs spécifiques en Europe (papier, services B2C, hôtellerie) enregistrant des reculs.
L'allongement des délais de paiement est le principal responsable, en particulier en Europe où les entreprises jouent le rôle de banque invisible
En 2024, le délai de paiement (DSO) a augmenté de +2 jours, soit légèrement plus que la hausse globale du BFR, ce qui en fait le principal moteur de la reprise du fonds de roulement. Parallèlement, le délai moyen de paiement des créances (DPO) a légèrement augmenté (+1) et le délai moyen de rotation des stocks (DIO) est resté stable. Dans le même temps, les entreprises européennes ont augmenté leur DIO et maintenu un niveau élevé de créances, tandis que le DPO s'est raccourci, ce qui a entraîné une augmentation significative du BFR.
Les entreprises européennes ont ressenti les effets négatifs de l'allongement des délais de paiement (+2 jours) pour la troisième année consécutive, combiné à une augmentation des stocks (+1,4) pour la quatrième année consécutive. L'allongement des délais de paiement s'est avéré généralisé, tandis que l'augmentation des stocks a touché deux pays sur trois. A noter également, les pays européens continuent d'afficher des différences notables en matière de DSO, avec des DSO moyens plus courts en Allemagne et dans les pays nordiques et plus longs en Europe du Sud, notamment en Espagne et en Italie.
« Avec des stocks plus élevés et des délais de paiement plus courts, les entreprises européennes ont financé leurs partenaires commerciaux en allongeant leurs délais de paiement et en absorbant les risques », déclare Maxime Lemerle, Responsable de la recherche défaillances chez Allianz Trade. « Entre le quatrième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025, les entreprises ont effectivement accordé 11 milliards d'euros supplémentaires sous forme de prêts aux entreprises, ce qui correspond presque aux nouveaux flux de crédit mensuels des banques depuis le début de l'année. ».
Quels sont les risques liés à la guerre commerciale ?
Dans un contexte d'incertitude record et de tensions commerciales qui devraient se poursuivre, la croissance économique mondiale restera à son plus bas niveau depuis 2008, hors épisodes de récession. Dans ce contexte, la faiblesse de la demande pèsera sur le chiffre d'affaires des entreprises en 2025. Avec des stocks plus faibles pour les entreprises américaines et un risque de crédit important pour les entreprises européennes, toutes les entreprises restent vulnérables à l'augmentation des besoins de financement.
« Dans un scénario défavorable, le BFR serait encore plus fortement poussé à la hausse. Si les droits de douane américains étaient appliqués aux taux annoncés lors du « Liberation day », la croissance du PIB mondial serait réduite de 1 point de pourcentage, ce qui ferait grimper le BFR tandis que les entreprises devraient financer 8,5 milliards d'euros supplémentaires en Europe et 15,5 milliards de dollars aux États-Unis par rapport à nos prévisions de base pour le BFR (ce qui équivaut à trois jours de chiffre d'affaires pour les deux régions). De même, si les dérapages budgétaires et les chocs inflationnistes liés à l'offre entraînaient une hausse des taux d'intérêt de +1 point de pourcentage, le BFR pourrait bondir de 14 milliards d'euros en Europe et de 26 milliards de dollars aux États-Unis », explique Ana Boata, Directrice de la recherche économique chez Allianz Trade.

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